De nos jours, les grandes villes sénégalaises sont touchées par un phénomène qui ne peut plus être ignoré : la mendicité des enfants. On estime à 30 000 le nombre d’enfants mendiant dans les rues de Dakar. La majorité sont des "talibés" (élèves apprenant le Coran) issus de "daara" non conventionnés.
Les daaras sont des écoles coraniques où les jeunes garçons sont envoyés en internat à partir de 7 ans. Il s’agit d’une tradition très ancienne et qui se déroulait habituellement dans le cadre protégé du village, le maître coranique étant alors une personne de confiance connue des parents. Les daaras assuraient une mission d’enseignement du Coran et d’éducation au sens
plus large du terme.
Mais dans les années 80-90, le Sénégal a connu une grande sécheresse et une violente crise économique, qui ont engendré de profondes mutations de la société sénégalaise par l’exode rural massif qu’elles ont entrainé. La population des villes a explosé, et nombreux sont les habitants qui vivent dans une grande précarité.
Dans ce contexte, les familles démunies envoient leurs fils dans des daaras non conventionnés, gratuits. Le maître coranique (ou marabout) n’ayant pas de financement, il envoie les jeunes
garçons mendier pour subvenir à leur besoins. Cela peut alors très vite se transformer en une véritable traite des enfants.
Dans la rue, les talibés se trouvent exposés à de nombreux dangers et violences.
A l'internat, ils vivent dans des conditions insalubres. Ils sont régulièrement victimes de châtiments corporels et autre formes de maltraitance.
Ce système menace donc directement les droits des enfant et leur développement psychoaffectif.
Si la loi sénégalaise prohibe la mendicité des mineurs, l'Etat peine à faire appliquer ces mesures.
Dès lors, il apparaît urgent de trouver une solution adéquate pour la prise en charge de ces enfants.